Le blog de Super consultant

S'il existe une sphère dans laquelle l'outil sémantique au service de idéologie dominante opère de manière palpable, c'est bien celle de l'entreprise.
Le combat que mène la classe dirigeante pour soumettre totalement le monde du travail se retrouve sur tous les fronts de manière plus ou moins grossière. Ainsi, depuis près de deux décennies, le terme "collaborateur" a remplacé celui de "salarié". Officiellement il s'agirait de valoriser ce dernier.
Quand le patron dit "mes collaborateurs" et non "mes salariés", quelle est son intention ? Entretenir l'illusion d'un intérêt commun et d'un pouvoir partagé,
évacuer toute référence à la relation contractuelle avec le salarié et atténuer l'idée de subordination. La hiérarchie reste pourtant bien visible sur le bulletin de paie. Il y a le "bon esprit" , celui pour qui "savoir être" compte plus que "savoir faire", il "aime sa boite" comme on aime son équipe de foot, heureux de partager un verre avec le Pdg à l'occasion des nombreux pots de départs en discutant du dernier livre de Jacques Attali.
En d'autres termes un être soumis.
Il y a celui qui se pose des questions, émet des doutes quant à l'organisation du travail, estime avoir des droits en tant que salarié, pense que le "savoir-faire" prime sur le "savoir-être" et qu'il y a une vie après le travail.
Ce dernier a tout faux aux yeux de l'employeur.
C'est normal il incarne le mauvais esprit.