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20 juin 2009 6 20 /06 /juin /2009 20:07


Tout le monde croise ou a croisé des hommes ou des femmes qui trouvent – mais surtout disent – que leur supérieur a toujours raison, qui le regardent avec des étincelles d’admiration dans les yeux, qui lui demandent pour la cinquième fois de raconter quelle stratégie géniale il a utilisé pour remporter la compete ou le client truc-chose. Partout, les lèche-bottes sont parmi nous. 

Mauvaise nouvelle: avec la crise économique, beaucoup vont devoir appliquer cette tactique (le fayotage) pour ne pas être les prochains sur la liste des parias. Certains franchiront ce pas plus facilement que d’autres.

Comment bien fayoter

Plus la situation économique est tendue, plus le fayotage progresse, mais plus il est risqué aussi.

Les stratégies. Elles sont décortiquées par d’innombrables études. Citant deux méta-analyses¹ – soit une analyse de toutes les études publiées sur le sujet – Marianne Schmid Mast, professeur de psychologie du personnel explique que les recherches montrent clairement que le fayotage est une stratégie qui marche, car les gens qui l’utilisent sont mieux évalués par leurs supérieurs, qui les aiment mieux. Si elle affirme qu’il est encore trop tôt pour constater une augmentation du fayotage dans les entreprises, cette doctoresse ès psychologie pense que c’est peut-être une tactique à recommander pour la suite des événements économiques. «Le succès dépend de la technique utilisée. Par exemple, la conformité d’opinion et dire des choses positives sur l’autre a un effet favorable sur les évaluations. Mais faire des compliments n’amène pas à un meilleur résultat.»

Autre conclusion: plus la différence de statut entre deux personnes est grande, plus le subordonné doit se montrer subtil dans sa manière de procéder. Plus la différence est modeste, plus la mise en valeur du supérieur et le fait de l’approuver portera ses fruits. Prohibée donc la flatterie qui fleure bon les gros sabots.

1 Il faut donc avancer à pas de loup et construire patiemment sa stratégie: approcher positivement les choses, ne pas critiquer, tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de remettre une décision en cause, être toujours d’accord avec les "leaders". En bref, adopter la positive attitude.

2 Le fayot le plus habile est celui qui comprend comment son supérieur fonctionne. Il va s’adapter à lui. Pour cela, il faut apprendre à bien le connaître, quitte à prendre des notes sur ce qui lui plaît, lui déplaît, lui fait froncer les sourcils. Il adore parler de lui? Posez-lui des questions sur ses passions, ses enfants, sur ce qu’il a fait ce week-end. Pourquoi ne pas lire quelques livres de psychologie?

3 Question compliment, il faut se montrer très prudent et subtil. La tactique la plus efficace est d’amplifier une qualité déjà existante, toucher quelque chose de vrai, sinon on risque d’être discrédité

4 Il est conseillé de bien connaître le climat organisationnel pour fayoter. Dans une culture d’entreprise anglo-saxonne, les compliments ne sont pas suspects, au contraire.

5 Vous êtes une femme? Alors, n’hésitez pas, c’est moins risqué pour vous. Cette plus grande tolérance est due au rôle social qui lui est attribué. «On pense que les femmes sont plus «gentilles» que les hommes», explique la psychologue Marianne Schmid Mast.

Terreaux fertiles. Une chose est sûre, certains terreaux sont plus fertiles que d’autres; ils voient pousser les lèche-bottes en plus grand nombre. C’est le cas des entreprises dont les structures sont très hiérarchisées, par exemple les agences de pub ringardes. «Dans ces milieux, le fayotage risque d’augmenter ces prochains temps. J’observe que les gens se posent de plus en plus la question: le faire ou non? En revanche, ceux qui travaillent dans les nouvelles technologies n’ont pas besoin de tomber dans ce travers-là. Ils n’ont pas peur de perdre leur travail vu qu’ils ont l’habitude d’en changer», explique un spécialiste de la question. En matière de «lèche», il a noté l’émergence d’une nouvelle façon de procéder. Selon ses observations, la loyauté n’est plus une valeur sûre, surtout dans les grandes structures. «Par conséquent, les gens se couvrent de leur propre chef en créant des liens dans les étages supérieurs. Ils transmettent des informations qui les valorisent mais dévalorisent leur supérieur direct.» Qui sont les chefs qui réussissent à échapper à ce court-circuitage? «Ceux qui sont ressentis comme protecteurs mais non paternalistes. Ils arrivent à protéger leur équipe de l’environnement. Ils sont respectés.»

Quelle autorité? Mais au fait, s’il y a flagornerie ou comportement obséquieux de la part d’un salarié, il faut que quelqu’un d’autre entre dans le jeu, un chef qui encourage ce genre d’attitude ou du moins qui la tolère avec plus ou moins de bienveillance. Il faut bien être deux pour établir ce genre de rapport. Que dire d’un patron qui a besoin de s’entourer de ce genre de courtisans? Petite idée sur la question: «Moins un chef a d’autorité naturelle, plus il joue cette carte-là. Celui qui a les épaules solides n’a pas besoin de ça.» Moins une personne a l’habitude d’exercer une autorité, moins elle a de recul sur la situation, plus elle a tendance à s’entourer de gens qui lui ressemblent et qui ne contesteront pas son autorité, des sortes de «minimoi» chers à Austin Powell. 

«Ceux qui ont fait une réflexion sur eux-mêmes, qui ont fait une thérapie ou ont suivi quelques cours de développement personnel ne tomberont pas dans le piège de la flatterie», ajoute encore un autre spécialiste. 

N’empêche, même les patrons les plus réticents aux signes de fayotage y sont sensibles «quelque part». «Peut-être que votre chef se sentira flatté, même si dans un premier temps, il vous remet en place», explique la jeune femme qui évoque les étudiants qui viennent lui faire des compliments à la fin de ses cours. «Est-ce pour être bien vus lors des examens? Est-ce sincère? N’empêche qu’à la fin de la journée, il me reste une impression positive.» 

Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose dit le proverbe. Léchez, léchez, pourrait-on compléter, il en restera toujours quelque chose aussi! •

¹Impact of ingratiation on judgments and evaluations: a meta-analytic investigation. De Randall A. Gordon, University of Minnesota.
 Influence tactics and work outcome a meta-analysis.De Chad A.Higgins, University of Washington, Timothy A. udge, University of Florida, Gerald R. Ferris, Florida State University

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