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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 15:40

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Êtes-vous un bon "nez" ? Publicis Consultants, "l'agence qui contribue à changer le regard de la société sur l'entreprise" serait à la recherche de volontaires pour mettre en place un "observatoire des odeurs" : elle veut être alertée à temps sur la fermentation de certains faits amenés à se produire dans ses locaux.

Des faits et des dires qui semblent empuantir l'atmosphère à certains étages. Un  "Celle-là, début 2013, elle dégage !" ou un "T'es trop vieille aujourd'hui, vaudrait mieux que tu partes !", prononcés par des managers à l'hygiène douteuse, auraient dégagé des relents particulièrement tenaces. La salubrité discutable de l'ambiance du 3eme aurait  d'ailleurs incommodé plusieurs personnes, arrêtées plusieurs jours, pour "intoxication à la pression trop forte".

Tout cela exigera une formation spéciale. Dès qu'ils percevront un parfum un peu rance - différent du Chanel 5 -, les " renifleurs", devront le signaler immédiatement pour permettre une intervention rapide.

Que n'a-t-on pas employé cette méthode, pour stopper ces émanations ! Ça sent mauvais, et depuis un bon moment , les dirigeants ne paraissent pas (ou paressent)  s'en rendre vraiment compte. Résultat : un fumet suffocant, qui a pris à la gorge toute une entreprise, et dont les effluves n'ont pas fini de se dissiper.

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9 décembre 2012 7 09 /12 /décembre /2012 16:22

Stratégies - 4 décembre 2012

 

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Un coup de semonce. La mésaventure arrivée à l'agence de design White Spirit risque de donner des sueurs froides à de nombreux dirigeants d’agences. Le 8 octobre dernier, la cour d’appel de Paris a condamné la société à verser plus de 500 000 euros pour non-paiement d’heures supplémentaires. Pour prouver leur présence excessive au bureau, les collaborateurs ont produit des échanges de mails, ce qui a convaincu la Cour d’appel, plus sévère que le Conseil des Prud’hommes (qui avait réclamé 45 000 euros à la PME). La facture s’est révélée trop salée pour l’entreprise de six salariés, mise en liquídation fin octobre.
Les heures sup sont pour les agences une véritable bombe à retardement. Et un casse-tête avec l'abrogation de la loi Tepa (voir encadré). Les horaires sont-ils aussi extensibles qu’avant dans la publicité? Quels sont les nouveaux risques pour les agences?


C’est beau une agence, la nuit

«Sí tu ne viens pas samedi, pas la peine de revenir dimanche». Surannée, l'expression avait cours dans la publicité dans les années 1980 et 1990, quand passer ses nuits à l'agence était tendance. Aujourd’huì, tout le monde s’accorde à dire que le travail nocturne a perdu de sa superbe.

Cette preuve de réactivité vis-à-vis des clients, et même de créativité, est moins prisée aujourd'hui. Certains patrons revendiquent même le contraire. "Depuis cinq ans, on fonctionne plutôt sur des horaires à l'anglo-saxonne (9h-19h), en évitant les charrettes et les débordements le week-end, se targue ainsi Franck Tapiro, président de l'agence Hémisphère droit (25 salariés), je ne veux pas ressembler aux clichés de la publicité."

Un cas isolé? pas si sûr. Même le syndicaliste de Publicis, Laurent Quintreau, secrétaire général du BETOR-Pub CFDT, reconnaît qu'il y a une certaine maturité des entreprises du secteur par rapport à la gestion du temps de travail : "Si les gens terminent à 21 h, c'est déjà beaucoup, ils finissent beaucoup moins tard que dans les années 1980." Ce que confirme Olivier Breton, président de l'agence All Contents, 24 salariés : "Fini les nuits entières, le métier s'est structuré et en partie dématérialisé, chez nous il y a des gens, même à des niveaux hiérarchiques élevés, qui travaillent chez eux."

Toujours selon le syndicaliste, cette question s’est davantage normalisée dans les groupes : «Comme il y a des délégués du personnel ou syndicaux,si les gens dépassent les horaires, cela se régule», dit Laurent Quintreau.

Impossible d'affirmer que les charrettes ont disparu, car bon nombre de structures continuent à fonctionner sur ce modèle.  "Si certaines agences devaient payer toutes les heures supplémentaires effectuées depuis dix ans, elles devraient mettre la clé sous la porte », persifle, en off, un dirigeant. Une attitude de plus en plus risquée car la justice est devenue intransigeante sur le sujet, comme le prouve  l'arrêt de la cour d’appel concernant White Spirit. La Cour de Cassation a même posé comme principe une obligation de contrôle par l’employeur du nombre d'heures effectuées, même pour un cadre autonome, en forfait jour (arrêt du 29 juin 2011).

Ce n'est peut-être pas un hasard si, comme le confirme l’AACC , des négociations sont en cour sà propos du temps de travail dans la branche de la publicité.

 

Très chères heures sup'

Le gouvernement a décidé en juillet de revenir sur la loi Tepa, avec trois conséquences sur les heures supplémentaires (au-delà de la 35e heure). Primo, depuis le 1er août dernier, elles ne sont plus défiscalisées, cela sera visible sur la déclaration d’ímpôt sur les revenus 2012. Secundo, depuis le 1er septembre, les cotisations salariales sur les heures supplémentaires ne sont plus exonérées, ce qui a un impact direct sur les salaires nets. Tertio, les cotisations patronales ne sont plus exonérées pour les sociétés de plus de 20 personnes. Dans certaines agences, comme All contents, cela donne lieu à des négociations pour compenser le manque à gagner pour les salariés, estimé entre 100 et 300 euros.

 

Gilles Wybo

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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 16:20

20070714172155 folie des

Réunions qui tournent au pugilat, procédures qui enlèvent tout sens au travail, décisions absurdes  gravées dans le marbre… les entreprises ressemblent de plus en plus à des asiles d’aliénés Soigneusement cachée derrière les beaux discours managériaux, l’hystérie quotidienne s’épanouit sous les néons des bureaux.

 

Le quartier de la Défense respire enfin après l’arrestation hier d’un homme soupçonné d’organiser jusqu’à 17 réunions par jour. Alertée par les plaintes de plusieurs employés de la société, l’inspection du travail est intervenue pour mettre fin à cette situation inédite.

 Julian Michel, jeune avocat fiscaliste, était ce qu’on appelle un « employé modèle », très bien noté par ses supérieurs. Aujourd’hui encore, personne n’est en mesure d’expliquer la spirale qui a emporté le jeune homme. « En quelques mois, il est devenu un forcené de travail », raconte Jean-Pierre, un collègue qui a souhaité rester anonyme. Julian Michel a ainsi multiplié les réunions, jusqu’à plus de 17 en une seule journée.

L’inspection du travail raconte avoir trouvé des employés totalement abattus. « Il interdisait à quiconque de quitter la salle de réunion, confisquait les téléphones. À un moment, il ne s’est pas rendu compte qu’il avait fait trois réunions à la suite sur le même sujet. C’est là que j’ai compris qu’il y avait un problème », explique André. « Nous n’en pouvions plus. À peine sortis, nous en avions une nouvelle. Il fallait que cela cesse, il fallait faire quelque chose », raconte un autre proche.

Pour les spécialistes, le cas Julian Michel est loin d’être isolé. Ces dernières années, l’Inspection du travail a noté une recrudescence de ce qu’elle nomme une forme aiguë de « réunionite ». « C’est un sujet extrêmement tabou. Mais on nous signale de plus en plus d’affaires de ce type », explique un responsable départemental. Une recrudescence qui a poussé l’Inspection du travail à mettre en place un Numéro vert pour les victimes de réunions abusives. « Si vous ou un de vos proches êtes victimes ou témoin, agissez, brisez le tabou. »

 

je-travaille-dans-une-maison-de-fou

 

A LIRE

 

Ce que vous pourrez lire dans "Je travaille dans une maison de fous" est complètement fou. Les échos du monde du travail relatés sont pour certains d’une telle bêtise qu’on en pleurerait, pour d’autres si absurdes qu’on ne peut s’empêcher d’en rire. Pourtant, à chaque page, vous risquez de reconnaître… votre propre entreprise.

De la petite manie à la catastrophe sanitaire, Martin Wehrle propose un panorama décapant du quotidien au bureau et fournit les antidotes pour éviter de finir en camisole. Le livre comporte notamment un kit de survie complet qui comprend : le grand test de la maison de fous, les 7 erreurs qui mènent à l’internement, le plan d’évasion…

 

Je travaille dans une maison de fous de Martin Wehrle chez Eyrolles. 16 euros,  290 pages.

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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 22:44

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En cette période de bonne santé économique, la volonté de faire aboutir les "projets personnels" chez les collaborateurs est devenue plus qu'un leitmotiv, un véritable credo RH.

Palme du mois : l'agence Publicis Consultants qui vient de fêter son 4ème départ pour "projet personnel". Une fort belle performance qui va certainement amener les autres enseignes de Publicis à challenger le score.

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29 novembre 2012 4 29 /11 /novembre /2012 18:16

D'après le résultat d'une enquête Cegos parue mercredi 28 novembre, la crise dure et le malaise se fait vraiment sentir dans les entreprises. Etat des lieux. Conclusions.

 triste

Moins d'1 salarié du privé sur 2 se dit satisfait du climat social dans son entreprise. (47%)

tomberL'impression d'être débordés est éprouvée par de nombreux salariés. Seulement 37% d'entre eux estiment l'effectif de leur service adapté.

sirene

L'organisation du travail est vécue comme le 1er facteur de stress. Un stress que 48% des salariés disent vivre régulièrement dans leur travail.

stress

Seulement 39% des salariés estiment que leur manager s'intéresse à leur bien-être. 35% seulement estiment qu'il régule les tensions au sein de l'équipe.
fric

 Les managers, plus que jamais concentrés sur leurs objectifs, ne parviennent plus à détecter les problèmes rencontrés individuellement par leurs équipes.
strike

 Un risque accru de conflit en entreprise, les salariés étant plus nombreux en 2012 qu'en 2011 à envisager de faire grève.
tête

 Les DRH sont invités à se pencher sérieusement sur l'organisation du travail.

 

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 20:14

 

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France Info le Lundi 26 Novembre 2012 à 07:53

La compétitivité de la France. Après le plan d'action, voici le plan communication. Paris veut montrer ses atouts à travers de la publicité. Le groupe PUBLICIS a remporté l'appel d'offre.


La France doit communiquer, montrer le meilleur d'elle-même pour attirer les investisseurs, créateurs d'emplois. Faisons donc appel aux meilleurs communicants. Inutile de vous dire qu'au siège du troisième groupe mondial de publicité sur les Champs Elysées, on boit du petit lait. Souvenez-vous, c'était au mois de mars dernier, juste avant l'élection présidentielle.  Le salaire du patron de Publicis fait la une des journaux. Maurice Lévy s'apprête à toucher 16 millions d'euros de rémunération en plus de son salaire traditionnel ! Scandale... le candidat François Hollande, à l'époque, va même jusqu'à déclarer : ''ce ne sont pas ces patrons là qui vont nous faire la leçon sur la compétitivité de l'économie française''. Ironie de l'histoire : qui rafle aujourd'hui le marché des spots publicitaires destinés à vendre à l'étranger la France compétitive ? Publicis, dirigé par Maurice Lévy. Mieux : l'entreprise a coiffé au poteau une dizaine d'autres agences dont certaines réputées pour être plutôt proche du pouvoir en place.

PUBLICIS ne gagne pas uniquement le marché publicitaire

Non, la filiale Publicis Conseil, comme son nom l'indique, conseillera également l'appareil d'Etat – les ministères au sens large – en arguments stratégiques, relations presse et média training (c'est à dire perfectionner la prise de parole des principaux acteurs dans les médias, devant un micro ou une caméra). Publicis facturera à l'Etat la mise à dispositions de ce que l'on appelle une " boîte à outils ".

On connaît le montant du contrat ?

 Non. Top secret. Je peux simplement vous dire que le SIG (le Service d'Information du Gouvernement qui dépend de Matignon) dispose d'un budget de 15 millions d'euros et emploie une centaine de personnes. Appel d'offre gagné donc. PUBLICIS remporte le marché au terme d'une procédure des plus légales. Maintenant, c'est le résultat qui va compter. On verra si le film intitulé "Did you Know ?" (le saviez-vous ?), qui loue la capacité d'innovation de l'économie française, portera ses fruits. Aujourd'hui 20.000 entreprises étrangères sont installées en France et font vivre plus de 2 millions de personnes, assurent environ 1/3 de nos exportations. Pour la seule année 2011, la France a attiré 700 projets d'investissements étrangers et s'est maintenue au 2ème rang européen en termes d'attractivité derrière le Royaume-Uni. Un quasi leadership qui valait bien une petite campagne de pub.


http://www.franceinfo.fr/economie/tout-info-tout-eco/publicis-va-vendre-la-competitivite-de-la-france-813847-2012-11-26

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24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 13:21

ML

 

Dans l’univers de la presse, M. Maurice Lévy est intouchable. Il sait pouvoir compter sur un faisceau d’amis et d’intérêts bien compris. « Le Monde diplomatique », qui a déjà consacré plusieurs articles critiques au PDG de Publicis — troisième groupe publicitaire mondial —, doit au soutien de ses lecteurs et de ses abonnés la liberté de pouvoir poursuivre ce travail irrévérencieux.

par Marie Bénilde, novembre 2012  Le Monde Diplomatique

 

Le 14 avril 2012, le « Journal inattendu », sur RTL, recevait M. Maurice Lévy. Conformément au principe de cette émission, qui confie à son invité le rôle de rédacteur en chef, le président-directeur général (PDG) de Publicis présentait le journal d’information conjointement avec Marie Drucker, journaliste à RTL et à France 2 et fille de Jean Drucker, patron-fondateur de M6.

Lorsque vint le moment d’interroger ce « rédacteur en chef » un peu spécial à propos de son bonus de 16,2 millions d’euros, le plus important jamais consenti à un dirigeant d’entreprise français, la jeune femme prit son courage à deux mains : « Il est bon de rappeler que vous n’avez pas usurpé votre rémunération : vous avez transformé Publicis en groupe de communication mondial, vous avez créé des milliers d’emplois… Personne ne conteste ce que vous avez fait de Publicis, [ni] que vous êtes un bon patron, mais je voudrais revenir sur une contradiction personnelle, peut-être… » Au cours de près d’une heure d’émission, l’auditeur apprit par la bouche de la journaliste que le patron le plus performant du CAC 40 — selon le classement 2011 de Challenges — était « un exemple », qu’il était « attentif aux problématiques citoyennes et aux questions d’éthique », et qu’il mettait « beaucoup de [son] énergie et de [sa] judéité à combattre le racisme et l’antisémitisme ».

L’intéressé profita de cette nouvelle antenne généreusement offerte pour donner sa vérité : il avait fait passer son groupe — créé par Marcel Bleustein-Blanchet, père d’Elisabeth Badinter (1) — de six mille salariés en 1996 à cinquante-quatre mille quinze ans plus tard, après avoir multiplié par dix le chiffre d’affaires, pour le porter à 5,8 milliards d’euros. Son mégabonus ? Une « rémunération différée » depuis 2003, liée à une « surperformance » — des résultats au-dessus des objectifs —, comparable aux primes de match « d’un Ronaldo ou d’un Zidane », et sur laquelle il toucherait « moins d’un demi-centime par euro gagné ». « On veut abîmer un patron qui s’est conduit de manière toujours exemplaire », protesta-t-il. Les militants de Génération Précaire qui manifestaient devant le siège de Publicis ne partageaient pas complètement cette opinion : « Avec 16 millions d’euros, Maurice Lévy aurait pu embaucher sept cent quarante personnes en CDI », soulignait l’un d’eux, alors que des stagiaires payés 400 euros par mois, « qui font le travail d’un consultant », représentent jusqu’à 35 % des effectifs dans certaines entités du groupe.

« Exemplaire » ? La représentante du « quatrième pouvoir » aurait pu objecter à son invité qu’en sa qualité de président, jusqu’en juin dernier, de l’Association française des entreprises privées (AFEP), il était tenu de respecter l’article 20.02 de son code de bonne conduite : « La rémunération des dirigeants doit être mesurée, équilibrée, équitable et renforcer la solidarité. » Ou qu’il était contraire à ce code éthique d’être en mesure de toucher à son départ 5,4 millions d’euros au titre de sa clause de non concurrence tout en faisant valoir ses droits à la retraite (2). Elle aurait également pu l’interroger sur une information de Rue89 selon laquelle des managers de Publicis avaient pris l’initiative de faire signer aux salariés apeurés une pétition de soutien à leur patron et à ses bonus (3).

Dans l’univers de la presse, M. Lévy est intouchable. Il sait pouvoir compter sur un faisceau d’amis et d’intérêts bien compris. Hormis Le Canard enchaîné et Marianne — qui dénonça sur une pleine page l’« outrance » d’un super-pactole —, bien peu de titres se risquèrent à mettre en cause le patron du troisième groupe publicitaire mondial, garant d’une part non négligeable de leurs revenus. « Prudence et modération des journaux sur le scandale des rémunérations de Maurice Lévy qui tient la pub », résuma le 28 mars Airy Routier, conseiller de la rédaction de Challenges, sur son compte Twitter. Le directeur de l’hebdomadaire, Pierre-Henri de Menthon, avait, lui, choisi d’interviewer M. Lévy sous le titre « La chasse aux patrons est ouverte » (28 mars 2012). Dans Le Figaro du 4 avril, Arthur Sadoun, le numéro 2 de Publicis, assura que Maurice Lévy était victime d’un « lynchage ».

Ce mariage de raison ne date pas d’hier. En 2003, déjà, L’Express publiait un portrait qui dépeignait le personnage tantôt comme un « colosse de belle allure », tantôt comme « un de ces géants par ténacité ». S’il y avait une hésitation, c’était pour savoir si le patron de Publicis était davantage un « rebouteux ourlé de talents », un « orfèvre en meccano d’entreprises » ou un « médiateur véloce (...), impressionnant par les réseaux qu’il actionne ». En tout cas, « inutile de dire que l’énergie du chef force l’admiration », tranchait l’hebdomadaire (3 avril 2003). En septembre 2010, le secrétariat de rédaction de Libération ne trouva pas inopportun de mentionner que Publicis détenait la moitié de sa régie publicitaire quand le journal fit paraître un portrait cruellement intitulé… « Le roi lion » (11 septembre 2010). Le lecteur y apprenait que le patron de Publicis était un « conformiste audacieux » qui « tend la main à ceux qui, dans le business, connaissent les fortunes de mer » et qui « aura passé sa vie au chevet des éclopés de l’économie ».

Sans doute ému par tant de sollicitude, Le Monde n’hésita pas à lui confier une tribune pour expliquer que « le capitalisme d’après crise sera éthique ou ne sera pas » (28 mai 2010), avant qu’une interview ne lui permette de légitimer sa longévité à la tête de Publicis lorsqu’il décida, à 68 ans, de prolonger son mandat : « C’est une situation classique où un conseil de surveillance voit que le capitaine tient toujours la barre de manière très active et n’a pas envie de le voir partir. Il y a une pression considérable pour que je reste » (3 juin 2010).

Un autre entretien, un an plus tard, fournit l’occasion de mettre en avant l’audace et la vertu de son système de rétribution : « A partir de janvier 2012, je n’aurai plus de rémunération fixe » (30 novembre 2011). L’homme qui prodigue la publicité à la presse souhaitait en effet « hyper-mériter » sa rémunération, en l’indexant sur les résultats de son entreprise, elle-même « hyper-performante ». Il oubliait toutefois de préciser qu’il renonçait à la seule part fixe de son salaire, soit le quart de ses revenus annuels, et qu’une coquette somme de bonus cumulés depuis 2003 l’attendait... Quant au quotidien, il omit de mentionner le fait que Publicis est actionnaire (à 49 %) de la régie du groupe Le Monde, M Publicité. Les dirigeants successifs du journal entretiennent des relations privilégiées avec M. Lévy, au point que l’un d’entre eux, M. Eric Fottorino, a reconnu avoir renoncé, sur les conseils de cet « ami », à un éditorial dénonçant les pressions de M. Nicolas Sarkozy dans le processus de recapitalisation du groupe de presse, en 2010 (4).

« Heureusement, j’ai Maurice Lévy », disait l’ancien président de la République à la fin de son mandat, lorsqu’il comptait ses soutiens médiatiques (Lettre A, 27 janvier 2012). Dès le 13 mars 2012, un colloque de l’AFEP sur « Les défis de la compétitivité », organisé en partenariat avec Le Monde, réunissait trois candidats à l’élection présidentielle : M. François Bayrou, M. Sarkozy et M. Hollande. Objectif affiché — sur RTL — par le président de l’AFEP : « Nous attaquer avant toute chose aux dépenses publiques. » « Avec Elisabeth Badinter, Simon et Jean-Yves Naouri, ex-conseiller de Dominique Strauss-Kahn au ministère de l’industrie, Maurice Lévy saura sans peine retrouver le chemin de l’Elysée si François Hollande y accède », prédisait la Lettre A (Ibid.). L’homme, il est vrai, était déjà un proche de M. Dominique Strauss-Kahn, l’ancien homme fort du PS avec lequel il cofonda le Cercle de l‘Industrie, selon lui injustement maltraité par la presse (« Quel besoin de charrier à longueur de journée des anecdotes invérifiables qui participent à l’instruction à charge d’un homme à terre ! », L’Express, 31 mai 2011).

On trouve dans les archives électroniques du Monde cinq cent sept articles sur le patron de Publicis : c’est presque deux fois plus que les occurrences des noms de M. Christophe de Margerie, président de Total et première capitalisation du CAC 40 (289), ou de M. Franck Riboud, patron de Danone, l’une des plus importantes multinationales françaises (268). Sur le site du Figaro, le score (392) dépasse aussi celui de MM. Margerie (124) et Riboud (285). Le quotidien sert parfois de chambre d’écho à la communication du groupe de publicité. Le 21 septembre dernier, il titre par exemple que « Publicis accroît encore son avance dans le numérique ». Ou, quelques mois plus tôt, le 18 juin 2012, que « Publicis s’implante en Palestine ». Maurice Lévy est bien sûr cité pour souligner qu’il en va de « la poursuite du rêve de tout homme de voir la paix s’établir dans cette région entre les peuples israélien et palestinien ». Mais le journal n’insiste pas sur une réalité chiffrée : l’implantation de Publicis en Palestine se traduit par une prise de participation à hauteur de 20 % dans une modeste agence de Ramallah de 23 salariés tandis que, la veille, le groupe réalise l’acquisition d’un réseau israélien entier de 23 bureaux (BBR) qui lui permet de doubler de taille dans ce pays où il emplois désormais 400 salariés.

Gratifié en mars 2011 du titre de deuxième homme le plus influent des médias après M. Xavier Niel (fondateur de Free et actionnaire du Monde) par le magazine GQ, le PDG de Publicis dispose d’un pouvoir qui dépasse le poids de son groupe. Il faut dire qu’il excelle dans l’art de mettre les patrons annonceurs au service de certains journaux, avant que ces mêmes journaux ne rendent service à ces mêmes patrons. « Les puissants verront vite qu’on peut avoir de l’influence sans posséder de presse papier », s’amuse-t-il (5).

A l’été 2011, dans Le Nouvel Observateur, le président de Publicis orchestre ainsi l’appel de seize dirigeants et actionnaires d’entreprise à s’acquitter d’une taxe minimale. L’idée est de préconiser une contribution exceptionnelle de 1 à 2 % sur les plus hauts revenus (6).

« C’est une abomination de voir que les pauvres souffrent plus si les riches ne contribuent pas davantage de façon disproportionnée [ sic] », affirme-t-il sur CNN (27 janvier 2012). Pas question pour autant de plafonner le salaire des grands patrons : « Il est anormal, sauf à être dans une économie contrôlée, d’essayer de normaliser les rémunérations », professe-t-il le 25 août 2011 sur Europe 1, station qui appartient au groupe Lagardère et où M. Lévy sait pouvoir toujours compter sur l’amitié de Jean-Pierre Elkabbach, assurant n’avoir « aucun calcul autre que la remise en ordre des dépenses publiques et une certaine justice dans la répartition de l’effort ».

L’initiative permit à Marie Drucker de souligner, au cours de son interview sur RTL, que son invité acceptait « d’en donner davantage pour aider la France ». Rien à voir, bien sûr, avec une mesurette destinée à faire peser le poids de la dette sur le plus grand nombre et à empêcher le relèvement à 75 % de l’impôt sur les plus hauts revenus, préconisé sur le tard par le candidat François Hollande, et que M. Lévy juge « confiscatoire » (Challenges, 2 mars 2012). La journaliste eut cependant l’impertinence de demander si le grand homme n’avait pas « manqué à son devoir de communication » en devenant la cible de la campagne socialiste du fait de la révélation de son bonus : « Pourquoi ne pas avoir anticipé [sous entendu : touché son bonus plus tôt]… en pleine période de surenchère démagogique ? »

Quelques jours avant son appel dans Le Nouvel Observateur, le 16 août 2011, M. Lévy disposait de la une du Monde pour déplorer, à l’occasion de la mise en cause du triple A français par l’agence de notation Standard & Poors, que la « règle d’or » budgétaire proposée par M. Sarkozy ne soit pas « unanimement soutenue par toute la classe politique ». Et que les gouvernements successifs ne se soient pas attaqués à « la réforme de nos systèmes sociaux, de nos administrations, des coûts structurels de notre pays ». En d’autres termes, le prochain président de la République devrait, a minima, « couper dans la dépense » afin de « pouvoir servir la dette » et la réduire « au besoin et en complément par un programme de privatisations dédié exclusivement au désendettement ». Le 17 janvier 2012, nouvelle charge dans Le Monde et nouvelle tribune : « Puisque le tabou du triple A est brisé, profitons-en pour repenser l’Etat. »

L’Etat justement... Deux semaines avant son échec électoral, le président de la République d’alors, M. Sarkozy, défendit le bonus de 16 millions d’euros de M. Lévy : « C’est un très grand chef d’entreprise qui a développé l’entreprise de manière assez remarquable. Il mérite d’être bien rémunéré. » Mais M. Sarkozy ajouta aussitôt : « Ce qui m’a choqué, c’est que François Hollande me prenne à partie dans cette affaire. Ce sont ses amis les Badinter qui, au conseil d’administration, ont voté le bonus. […] Imaginez que ce soit un de mes amis qui ait fait cela ? Qu’est-ce qu’on aurait entendu… » C’est probablement pour des raisons qui n’avaient rigoureusement rien à voir avec ces complicités croisées que le 3 avril 2012, l’un des principaux quotidiens internationaux, le Wall Street Journal, publia un éditorial suggérant ... l’élection à l’Elysée du PDG de Publicis. Dans un français approximatif, l’éditorial fut titré « Lévy for le Président » (7).

 

Marie Bénilde

Journaliste et auteure de On achète bien les cerveaux, Raisons d’Agir, Paris, 2007.

(1) Lire «  Publicis, un pouvoir  », Le Monde diplomatique, juin 2004. Lire également «  Les dernières astuces publicitaires  », Le Monde diplomatique, décembre 1998.

(2) «  La vérité sur le super bonus de Maurice Lévy  », Challenges, 24 mai 2012.

(3) Elsa Fayner, «  Les salariés de Publicis sommés de soutenir Maurice Lévy et ses bonus  », Rue89, 2 avril 2012.

(4) Mon Tour du “Monde”, Gallimard, Paris, p. 489.

(5) Challenges, Paris, 6 décembre 2011.

(6) «  L’appel de très riches Français : “Taxez-nous  !”  », Le Nouvel Observateur, Paris, 23 août 2011.

(7) «  Lévy for Le President  », The Wall Street Journal, New York, 3 avril 2012.

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23 novembre 2012 5 23 /11 /novembre /2012 21:37

 

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Une banque, condamnée récemment, avait mis en place un système de management de type "benchmark".

Le "benchmark" est une technique d'étalonnage destinée à mesurer les compétences ou les performances des uns par rapport aux autres. C'est un système qui prévoit une évaluation permanente et interne : chaque salarié voit ses performances analysées non au regard des entreprises concurrentes mais par rapport aux performances des autres salariés de la même entreprise. Le système consiste à la mise en concurrence des salariés entre eux.

Un syndicat a réussi à prouver, à l'occasion d'une action judiciaire contre la banque ayant mis en place le système en question, qu'il y avait une "dangerosité de la méthode employée en tant que facteur de risques psychosociaux".

Les juges se sont, en fait, appuyé sur des expertises et constats de l'inspection du travail qui ont conclu à "une atteinte à la dignité personnelle par leur dévalorisation permanente utilisée pour créer une compétition ininterrompue entre les salariés, un sentiment d'instabilité du fait qu'il n'y a aucune possibilité de se situer dans l'atteinte d'objectifs puisque le résultat de chacun est conditionné par celui des autres, une culpabilisation permanente du fait de la responsabilité de chacun dans le résultat collectif, une incitation pernicieuse à passer outre la législation pour travailler plus, une multiplication des troubles physiques et mentaux constatés, troubles anxio-depressifs, accidents cardio-vasculaires, troubles musculosquelettiques..."

Les juges ont également constaté une "absence de réaction de l'employeur suite à ces constats", et que par cette méthode aucun "objectif n'est imposé officiellement, que le seul objectif qui existe est de mieux faire ou plus que les autres. Et qu'ainsi, nul ne peut savoir à l'issue d'une journée de travail, s'il a ou non correctelent travaillé, puisque la qualité dépend avant tout des résultats des autres."

La banque condamnée a été sommée d'interrompre immédiatement cette organisation du travail.

Cette méthode de management commence à faire beaucoup d'adeptes en entreprise, y compris au sein des agences de Publicis. On peut ainsi constater que le critère retenu pour juger un travail peut ne plus être sa qualité intrinsèque mais sa quantité ou sa qualité par rapport à celles des autres salariés. Un salarié peut être mis à l'index en réunion s'il a moins ou moins bien travaillé que ses petits camarades. "Tu fais moins que ton voisin." " Tu fais moins bien que ton collègue."

A t-on prévu la case idoine dans les formulaires d'entretien individuel qui vont intervenir en cette fin d'année 2012 ?  Quitte à risquer une condamnation...



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18 novembre 2012 7 18 /11 /novembre /2012 18:21

les merdes vertes b

Après la Green Week en 2011, l'année 2012 s’annonçait vraiment riche en évènements Greenshit chez Publicis. En effet, 3 Green Days prévus jusqu’à la fin de l’année, avec le dernier se déroulant bientôt sous forme de1ère Green Webconférence sur la Communication "Responsable"...

Quand on sait que les thèmes déjà abordés concernaient  "le tri des corbeilles à papier" ou "monte à pied, t'économises de l'énergie", on est une fois de plus vert de peur !

Y'a pas à dire, ils font de sacrés efforts de responsabilité chez Publicis.

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14 novembre 2012 3 14 /11 /novembre /2012 21:49

111226040124938273

 

Mardi 13 novembre était, pour la deuxième année, la "Journée de la gentillesse", en entreprise particulièrement. C'était l'occasion pour ceux qui ne sont pas forcément gentils tous les jours l'occasion de se rattaper.

L'agence Publicis Consultants n'a donc surtout pas raté cette occasion.

Sa première marque de gentillesse a été de définitivement enterrer cette drôle d'idée de se comporter en entreprise responsable, en annonçant à sa responsable RSE que sa mission n'avait plus aucun sens et que par conséquent sa présence n'en avait plus aussi. Elle a d'ailleurs relevé à cette occasion que la personne en question avait, de toute façon, un superbe "projet personnel" et  qu'elle pourrait ainsi le mener à bien.


Sa deuxième marque de gentillesse a été de permettre à une autre personne de réaliser, elle aussi, un projet personnel, moins durable, en restant quelques semaines à la maison pour "bun-out".


C'est fou d'ailleurs ce soudain regain d'intérêt pour les "projets personnels" des gens et cet empressement à vouloir qu'ils se réalisent. "Vous avez des projets personnels, c'est le moment ! " serait devenu le credo de Publicis Consultants ?  Et vas-y que j'te pousse dehors pour que tu te réalises...
Incroyable, une telle perspicacité, en période de crise, vous ne trouvez pas ?

 
Il faut d'ailleurs se souvenir, en matière de "projet personnel " qu'il n'y a pas si longtemps, l'ex-responsable des services généraux est parti (un mail en atteste) parce qu'il en avait justement un. On oubliait simplement de préciser que l'intéressé avait eu une discussion un peu musclée avec un haut responsable avant de vouloir s'en préoccuper.
Mais que voulez-vous, quand on a la lucidité de déceler autant de "projets personnels" auprès d'autant de salariés, si on ne pas appeler ça de la gentillesse, qu'est-ce cela peut être d'autre ? 

 

Pour être encore plus gentil à son tour, Consultons a décidé de créer une rubrique régulière "spécial gentillesse" qui recensera et publiera tous les "projets personnels" que Publicis aura permis de réaliser.

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